ORDOÑEZ, ombre et lumière...

Publié le par Charles CREPIN

Parlant du toreo d’Antonio Ordoñez, José Maria de Cossio évoquait un style porteur de perfection… Les formes d’un toreo belmontiste et l’immobilité de Manolete alliées à cette recherche de perfection, Il n’en fallait pas plus pour qu’Antonio Ordoñez ne devienne le premier grand torero d’esthétique néoclassique, précurseur de ce qu’on appela la génération des prodiges, créant son style propre dont beaucoup de toreros peuvent se réclamer encore aujourd’hui. Mais de la "veronica céleste" d’Ordoñez, beaucoup ont imité la plastique, aucun ne l’a égalée.   Et quand sortit Matajacas dans le ruedo nîmois le 7 août 1960, Ordoñez signa une faena pour l’histoire. 

Une planche de dessin d'Antonio Alcalde Molinero intitulée "la deuxième corrida de la Feria" extraite des archives personnelles d'André Bazile évoque de triste mémoire une corrida de la Pentecôte nîmoise 1960 où le grand Antonio Ordóñez toucha le fond avant l'apothéose qui suivit peu de temps après.​

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Nîmes, 6 Juin 1960, l'ombre d'une triste tarde...

2ème corrida de la Pentecôte. Arènes pleines à craquer. Antonio Ordóñez, Pedro Martinez "Pedrés", Juan Garcia "Mondeño" affrontent les Carlos Nuñez. De lourds nuages plombent l'atmosphère de cette triste tarde gachée par le bétail. Un toro protesté, l'autre refusé pour cause d'armure défectueuse (on disait frauduleuses à l'époque, plus stoïquement suspectes aujourd'hui),  soulevant l'hostilité d'un public déchaîné qui conspue la star adulée malchanceuse aux aciers, oubliant les somptueuses véroniques de son entame, les muletazos ciselés et le desplante à genoux jugé peu glorieux en face d'un adversaire débile d'armure.

Oreille et ovation pour Mondeño. Salut et vuelta pour Pedrés, bronca pour Ordóñez. Constatant la déroute, le maestro de Ronda fait profil bas et promet de se racheter.

ORDOÑEZ, ombre et lumière...

Le retour au toril du sixième Nuñez refusé par le public pour son manque d'armure. Dessin sur le vif de l'artiste Alcade Molinero

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Nîmes, 7 Août 1960, la lumière et le firmament...

Le livre LA PEÑA ORDÓÑEZ - Un demi-siècle d'Aficion - retrace l'époustouflante corrida de ce fameux après-midi nîmois.

"Le 7 Août, les nîmois rancuniers le reçoivent (Ordóñez) sous les siflets. La confrontation avec un Juan pedro Domecq pourtant manso fait chavirer l'assemblée en sa faveur. D'ensorceleuses naturelles exécutées avec un temple exquis sidèrent le public versatile qui à présent l'acclame. Recompensé par tous les trophées, le chef d'oeuvre fascinant s'achève dans une euphorie collective qui marque à jamais cette fabuleuse tarde. D'aucuns s'exclament : une telle faena, ce n'est pas possible !  Auréolé, l'astre luit"

De cette inoubliable corrida est née la PEÑA ANTONIO ORDÓÑEZ.

Ordóñez toréant suavement son premier adversaire par véronique basse.

Ordóñez toréant suavement son premier adversaire par véronique basse.

Pedrés donnant une passe en rond au second toro

Pedrés donnant une passe en rond au second toro

Une Giraldilla de Mondeño au 3ème Carlos Nuñez dont il coupa l'oreille

Une Giraldilla de Mondeño au 3ème Carlos Nuñez dont il coupa l'oreille

Dessins "la deuxième corrida de la Feria" - 1960 d'Antonio Alacalde Molinero, peintre et dessinateur taurin (1906 - 2000) qui collabora à de nombreuses publications taurines dont la revue Toros.

Publié dans Histoire

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E
Ce qui m'a toujours impressionné chez Antonio Ordonez, c'est ce mélange de grace et d'empaque. Il me semble me souvenir qu'aussi bien à la cape où c'était le plus spectaculaire mais aussi parfois à la muleta, il '"montait" sur les taureaux. Merci en tous cas, en ces temps de médiocrité de rappeler cette immense figure.
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