Encastes oubliés
Juan Pedro Domecq est mort, quelques jours avant la Feria d’Arles et si personne ne peut nier que cet homme a été un grand ganadero, l’aficionado peut lui reprocher d’avoir éliminé la sauvagerie des Vistahermosa pour en faire ce que l’on appelle des « toros-bonbons » pour vedettes.
Il se dit aujourd’hui que 60 % des toros sont issus de la famille Domecq. Pourcentage à peu près respecté dans la composition des cartels de la feria d’Arles puisque sur 8 élevages présentés entre corridas et novilladas, 5 d’entre eux portent le fer JPD : Tierra d’Oc, Garcigrande, Dos Hermanos, Nunez del Cuvillo et Fuente Ymbro.
Une parenthèse peut ici s’ouvrir concernant Tierra d’Oc dont les erales de vendredi matin sont issus d’un ancien encaste pratiquement disparu, les Coquilla. Sanchez Ajona qui les possédait a acheté vaches et sementales à Juan Pedro Domecq et a converti son élevage. Toutefois l’éleveur a conservé une branche des anciens Coquilla qu’il présente sous le nom de « Coquilla de Sanchez Ajona » mais que l’on voit peu souvent dans une arène. La novillada de Patrick Laugier portant le fer de Dos Hermanas (annulée samedi matin) qui porte dans son sang du Sanchez Ajona est, par contre, issue des JPD.
Autre particularités avec les toros d’Olivier Riboulet fer du Scamandre : ils portent le sang typiquement originaire du campo Charro et de la région de Salamanque, Atanasio Fernandez et Lisardo Sanchez que l’aficionado ne voit que rarement sous ces noms portant légendaires.
Autre encaste rare et qui pourtant a fait les beaux jours de la tauromachie des années 50 et 60 : Murube. Il n’est plus présent que lors des corridas à cheval à l’exemple de la corrida du lundi matin sous le fer de Bohorquez.
Autre nom fabuleux qui ravive la mémoire des aficionados : Osborne. Ce fer pouvait se déceler en examinant scrupuleusement les origines des toros de Nunez del Cuvillo (samedi après midi) où se mêlent du Marquis de Domecq et bien sûr Juan Pedro.
Reste les Miura, issus depuis 170 ans de la descendance Cabrera. Les mauvaises langues disent que les éleveurs auraient tenté quelques expériences pour adoucir la race, comme les propriétaires de Pablo Romero.
Du tentaculaire héritage de la famille Domecq sur la tauromachie actuelle, d’aventureux ganaderos tenteront, peut-être, de retrouver, dans les années à venir, cette dangerosité des Vistahermosa d’antan qui donnait à la corrida toute son émotion. Fuente Ymbro (origines Jandilla) et Garcigrande (purs Juan Pedro) dont un toro a été indulté par El Juli vendredi après midi sont déjà sur cette voie. Mais entre temps, ils auront mis à terre les Santa Coloma (pas invités à Arles), les Pedrajas de Guardiola, les conde de la Corte, les Cobaleda, les Barcial&hellip Et tant d’autres.
Paul BOSC