LE TORO

Publié le par vingt passes, pas plus...

 

Un troisième poême d'Emile REINAUD  (1854 - 1924) de l'Académie de Nîmes

 

 

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 Carte postale ancienne, colorisée, environ 1905-1910  - Collection Arnaud Moyne-Bressand

 

 

LE TORO

Coup de clairon ; un toro mugissant
Au garrot large, à la robe d'ébène,
Au jarret sec, les cornes en croissant,
De son seul souffle a balayé l'arène.
Pour éblouir l'animal, le hardi
Capeador vient dérouler la cape
Devant son mufle et d’un geste arrondi
Le fait passer, pirouette et se drape.
Vers la barrière attend le picador :
Le toro fond sur la frêle cavale,
S'allume au fer, sur eux prend son essor :
Choc effrayant ! chute monumentale !
Mais d'un appel de cape justicier
(Quite opportun qui détourne la bête)
Le matador sauve le cavalier
Qui sur sa selle à remonter s'apprête.
A la muette horreur de ces effondrements,
Ont vite succédé les applaudissements
Sonores, prolongés, comme un coup de tonnerre
Qu'annonce de l'éclair la lueur éphémère.
Souvent, mal protégé, peu propre a ces combats,
II se peut qu'un cheval ne se relevé pas.
Eh ! que de fois rompant des lances dans la lice,
Les anciens preux ont fait un même sacrifice !
Mais quelle gloire aussi, pour le coursier, de voir
Son ennemi mortel fuir la pique et déchoir !
Les sifflets, d'autre part, ne se font point attendre
Si la brute fuyant ne veut pas se défendre,
Si le lourd picador décompose un taureau
Ou maladroitement lui déchire la peau.

 

Tiré du bulletin des séances de l'Académie de Nîmes - 1906

Publié dans Poèmes

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