La despedida de René Chavanieu
Ils ne lui ont pas laissé la parole ! Pour Fêter les 90 ans de René Chavanieu, la Coordination des 28 clubs taurins de Nîmes et du Gard avait préparé samedi matin une réception émouvante autour de cet aficionado « de verdad » mais aussi à son épouse Natacha, à ses deux filles, leurs maris et ses petits-enfants.
Ils ne lui ont pas laissé la parole mais c’est par les images et surtout par le cœur que l’émotion a été transmise à cet homme intègre, d’une rigueur de métronome et d’une énorme sensibilité. Le cadeau d’anniversaire a été à la hauteur de presque un siècle de vie consacré au toro de combat, à son intégrité physique, à la justice, aux respects de la lidia, effaçant d’un geste mais avec le verbe haut, la sauce unique que l’on présente actuellement dans les arènes.
C’est Fabrice Torrito de son « petit coin des Français » en Andalousie, au sein de la ganaderia du Marquis d’Albasserada qui le lui a appris via cet outil moderne d’internet. Un azulejo portant son nom sera mis en place en novembre prochain sur le mur blanchi à la chaux à côté du fer du Marquis et offert par la Coordination.
Des amis lui ont envoyé des messages et, sans se tromper, il a reconnu celui de Jean-Charles Roux. Frédéric Pastor, le nouvel adjoint nîmois à la tauromachie mais aussi Olivier Riboulet, Corentin Carpentier, José Villanueva et Pepe de Montijo ont ajouté leurs petits mots à ce fleuve d’éloges. « Il va falloir beaucoup de Chavanieu pour garder l’éthique de la tauromachie » a ajouté l’élu.
Enfin, « Chacha », un peu « dévarillé » a eu la parole. Un micro, enfin. Il a alors expliqué que le dimanche 21 septembre serait sa dernière corrida à Nîmes, la 491e en 67 ans d’abonnement toujours à la même place, celle qu’il a choisie près du toril pour voir comment sortent les toros. Il aura alors vu 1328 corridas tant en France qu’en Espagne dont 43 à Bilbao, 108 à Pamplona. Il en a gardé tous les billets qu’il a payés même s’il avait une place gratuite quand il était appelé à présider une course et il n’a pas comptabilisé les ferias de Béziers parce qu’il était invité gratuitement en tant que transporteur des toros. D’ailleurs il a reçu 2 billets de la dernière feria d’Alès, tout neufs parce que ce jour-là il avait oublié de les prendre sur lui et que la Coordination a pu lui trouver 2 invitations. Des billets « collector » en quelque sorte.
Il a expliqué aussi pourquoi il chronométrait les faenas et se manifestait quand les présidents ne respectaient pas les temps des avis. Par justice, a-t-il précisé, pour que tous les toreros aient le même temps de combat même quand ils sont dans la difficulté ou dans l’allégresse.
Natacha, son épouse ne pouvait être oubliée. Femme d’aficionado, il faut être une « sainte » pour supporter tous ces voyages, toutes ces humeurs, ces contrariétés. Elle a convenu « qu’il était quelquefois pénible ». Ce qui, en bon Nîmois veut dire qu’il a été très souvent très pénible.
Même si nous ne verrons plus « Chacha » aux arènes, il sera encore présent pour longtemps dans l’esprit de chaque aficionado nîmois. Parce que cet homme-là a laissé un sacré message.