L'estocade

 

 

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L'ESTOCADE

Le serment fait au ciel,
Dans un parfait silence,
Le maître de cartel
Sur le toro s'avance.
Du bout des doigts il tend
L'étendard écarlate,
Le bouclier flottant
Que le zéphir dilate
Vers l'animal surpris :
La muleta l'invite,
Mais en vain dans ses plis
Bruyamment il s'agite.
Grâce au léger écart,
La corne frappe à vide ;
Le diestro sans retard
Recommence impavide :
Passe changée, en rond,
En rideau, de poitrine.
Le fauve furibond
Dans le cirque piétine ;
Puis, tout à coup cadré,
Après mainte bourrade,
II s'abat effondré
D'une longue estocade.
Les bravos, les trépignements,
Les cris de joie et d'allégresse
Se transforment en hurlements,
C'est du délire ou de l'ivresse ;
Volez, chapeaux et cannes d'or !
Le mouchoir agité réclame
L'oreille pour le matador
Heureux que tout un peuple acclame.

 

 

 

Emile REYNAUD - 1906.

 

 

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