Il n’y avait pas de quoi écrire à sa mère...

Publié le par Hubert Compan

A propos de la Feria de Pentecôte ou celle des Vendanges, lire Hubert Compan est toujours un vrai plaisir. Pour les toros de cette dernière Feria, sa déception est perceptible : « il n’y avait pas de quoi écrire à sa mère ». Il va plus loin en donnant son opinion sur "le public du lundi", le taux d'abstention à la taquilla, la faillite de la puntilla… et le fameux indulto de la corrida de clôture. Hubert aime les indultos, et les commentaires qu’ils génèrent dans l’inter-saison. Opinion intéressante vue sous cet angle, mais il y a division d'opinions ! Pour ma part, en général, j’aime moins, sans doute à cause de l’usage qui parfois en est fait. Mais je n'y étais pas...

C.CREPIN.

Pentecôte 2017 - Les toros de Nîmes

Avec le souci de ne pas encombrer ma mémoire d’aficionado je retiendrai deux événements : La corrida du lundi avec les Jandilla. La maitrise technique et l’intelligence tauromachique de Juan Bautista. Depuis j’ai oublié beaucoup, deux bons toros par-ci, deux bons toros par-là, mais, selon une expression très utilisée au Canada, « il n’y avait pas de quoi écrire à sa mère ».

Corrida de la Quinta le vendredi :

Rappelons nous, il y a une dizaine d’année, une corrida de la Quinta annoncée sérieuse : on a eu 6 toros qui avançaient au pas, au rythme du careton. Avec ces Santa Coloma on a un semblant de mobilité, mais au trot et au pas, et la qualification de corrida torista est inadaptée, tellement Rafaelillo, habitué à la bagarre a eu de la difficulté à gérer la noblesse insipide de ses adversaires, qui bien entendu ont tous terminé bouche fermée.

Un toro fut particulièrement intéressant par son comportement, le N° 2: immobile et peu combatif à la sortie tel un charolais se retrouvant par hasard dans l’arène, il se réveille à la 1ère pique, et montre ses qualités de bravoure vraie.

On oublie trop souvent que le tercio de pique, s’il a pour but de révéler la bravoure tout en fatiguant le toro, stimule l’agressivité par la douleur de la perforation du cuir, douleur vite oubliée dans la suite de la lidia. Et je me permets de rappeler que la poussée au cheval est utile, la douleur de la blessure du cuir est utile, l’hémorragie est inutile, les blessures profondes inutiles également, car elles ne s’oublient pas et pénalisent la mobilité.

La novillada de Zacarias Moreno samedi matin:

Le ganadero a dû se faire du souci avec la faiblesse des deux premiers. Encore une course avec deux toros sur six intéressants, dont un qui a fait la vuelta, ce qui n’a certainement pas suffit à satisfaire l’éleveur.

Les Garcigrande du samedi après midi:

Toujours ce même format, cette même présentation au standard nîmois, avec cette année un peu plus de faiblesse. Aucune surprise ne pouvait venir des toros, elle est venue du ciel ! Autre mauvaise surprise après la pluie : au deuxième du Juli, après une première pique normale, le picador a laissé venir le toro au cheval, tenant sa pique en l’air : du jamais vu !!!

 

Les Victoriano del Rio du dimanche matin :

Encore une corrida 2/6 question toros et Ponce 1 /2, et la frustration de voir Roca Rey ne pas « s’accorder » avec ses partenaires pourtant en général plus solides que les Garcigrande.

Seul contre six de Juan Bautista le dimanche après midi :

Jean-Baptiste a une connaissance du bétail extraordinaire avec une capacité et surtout une volonté de résoudre les problèmes. C’est parti très fort avec le 1er toro de la Quinta qui à la différence de ceux de vendredi avait davantage de qualités et de mobilité.

Ça a continué avec le Jandilla sorti en N° 3 remarquablement mis en valeur à la pique en le positionnant dans l’axe des arènes pour un galop jusqu’à la cible : certainement la plus grande ovation de la Feria. Bravo Sandoval !

Question : à quoi servent ces 2 lignes concentriques qui font le tour de la piste ? A quoi sert ce picador qui attend coté toril (et que Juan Bautista avait éliminé?).

Le manso de Carmen Lorenzo sorti en 5 : cet élevage fournit avec celui de Bohorquez 90 % des courses de rejon. Galopeur infatigable, il a refusé le combat et a cherché inlassablement soit Lea Vicens soit plus probablement la sortie. Petit à petit, sans se décourager mais comprenant qu’avec cet animal il ne couperait pas d’oreilles, Jean Baptiste est arrivé a retenir ce manso dans sa muleta en usant de stratagèmes intelligents, en le confinant sous la présidence, en évitant de lui montrer en fin de passe les grands espaces. Le Carmen Lorenzo et le Garcigrande ont gâché le final.

Le public et la connaissance des toros :

Jean-Baptiste avait choisi 6 toros de trapio et de présentation supérieurs à la moyenne nîmoise et il est regrettable qu’à la sortie du beau toro de Parlade, puis du Pedraza de Yeltes de 575 kg, le public « toriste » n’ait pas manifesté davantage sa satisfaction.

Les Pedraza de Yeltes par rapport aux autres « Domecq » : plus de taille, moins de volume musculaire, et une tendance à charger sans mettre la tête sous le cheval en poussent droit. Lors d’un Jeudi du Cercle à l’Imperator, Jose Ignacio Sanchez nous avait même expliqué sa volonté de sélectionner ce type de comportement, ce que j’ai pu vérifier à l’occasion de cette corrida. La hauteur au garrot peut-elle conditionner la position de la tête ? Il est vrai que les Miura poussent souvent à hauteur des étriers.

 

Les Jandilla du lundi :

De la mobilité, du galop, de la sauvagerie dans le capote et dans la muleta, des toros qui durent en gardant un rythme soutenu, pas de « noblesse molle », comme l’écrit souvent Paul Hermé, enfin un lot homogène de 6 toros (de 7 toros en y ajoutant celui de Jean-Baptiste).

L’indulto de fin de Feria 

j’aime les indultos et les commentaires qu’ils génèrent, occupant l’intersaison. L’indulto donne du plaisir au ganadero, au torero, au public, sauf qu’à Nîmes, il n’a pas fait l’unanimité. C’était pourtant un toro complet, un super athlète, d’une « duracion » exceptionnelle. Que lui manquait-il ? Il a même été bien toréé par José Garrido, qui ne s’est jamais laissé dépasser par la caste et la rapidité des charges dans la muleta. Il a été en revanche dépassé par l’événement car dans la période d’hésitation il aurait pu tirer une ou deux séries de plus avant de simuler l’estocade. Si j’avais été au gouvernement... j’aurais donné la vuelta au 5éme toro, puis gracié le 6ème, clôturant ainsi la féria en apothéose !

Le public du lundi :

Il était un temps ou la corrida du lundi de Pentecôte correspondait par son cartel au sommet de la Feria. 1/3 d’arène pour ce lundi de Pentecôte !

3 toreros peu connus de la plus part des aficionados. Il y a 3 types d’aficionados : les gardiens du temple, le plus souvent « toristes ». Ils sont plus ou moins 3000 en France. Ils s’échappent parfois de leur ville et partent à Vic, à Céret, traversent l’Espagne. Il y a aussi les aficionados fidèles à leur arène. Ils s’échappent parfois, mais pas trop loin. Il y a les spectateurs occasionnels qui choisissent la ou les corridas importantes avec El Juli, Ponce, Castella etc, et qui remplissent les arènes. Ce lundi à concentré les aficionados nîmois abonnés et ceux qui ne courent pas après le Juli et qui pensent que c’est dans ce type de corrida que les bonnes surprises sont possibles. Mais au final, ils n’étaient que 4000, les spectateurs occasionnels s’étant abstenus.

50% d’abstention dans nos arènes nîmoises, il y a problème !

La faillite des puntilleros :

Les coups de puntilla manqués ont été nombreux : combien de toros relevés, combien de trophées perdus, combien de bonheur enlevé au public par des coups de puntillas répétés que nous détestons tous. Il serait tellement plus simple, une fois le toro couché de « l’étourdir » avec un pistolet d’abattoir et de le puntiller ensuite. L’idée fait son chemin en Espagne, et les vétérinaires ont certainement un rôle à jouer pour définir le matériel et le protocole, pour remplacer un geste qui fait partie de la lidia mais sera de moins en moins accepté par le public actuel (voir document ci joint).

 

Hubert COMPAN, vétérinaire Taurin

Photos : Michel CHAUVIERRE

 

La pistola de cautivo penetrante

Publié dans Ferias, Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
On voit de plus en plus de Nimois autour des arènes de Vic.Comme on les comprend !
Répondre