LAS VENTAS


La construction est monumentale. De style "mozarabe", la façade est constituée de briques apparentes, et décorée de céramiques représentant les provinces espagnoles.
D'une superficie totale de 45 000 m2, elle peut contenir 23 800 spectateurs. Elle est édifiée sur quatre niveaux, ses structures métalliques supportant les tendidos bajo et alto, eux-mêmes surmontés par les gradas et andanadas en bois, y compris le Palco Royal et le Palco Présidentiel qui marquent la division des 10 tendidos fermant le cercle : 4 "en sombra" de part et d'autre de ces derniers, 2 en "sol y sombra", et les 4 autres "en sol". En plus des différents patios (cuadrillas, caballos, arrastre, chiqueros, etc... une chapelle baroque consacrée aux vierges de la Paloma et de Guadalupe donne sur une imposante infirmerie composée de différentes salles d'hospitalisation et plusieurs blocs opératoires. Un musée taurin, une bibliothèque-vidéothèque ainsi que plusieurs bars et restaurants viennent compléter les équipements de las Ventas.

LES ALGUACILES

LA COURSE
Une corrida à Las Ventas dure rarement plus de deux heures. Première explication : peu de trophées distribués et donc peu de vueltas aussi. Ensuite, l'enchaînement de la lidia entre deux toros est bref. Dès la puntilla, l'arenero présente déjà en piste le panneau indiquant l'âge et le poids du toro suivant. A noter également qu'après chaque tercio de pique, la cavalerie regagne rapidement le patio en empruntant un callejón parfaitement dégagé, sans avoir à se faire escorter par les banderilleros et se préserver des charges du toro. Ainsi, la suerte de banderilles peut débuter immédiatement.
Il n'y a pas de musique durant la faena. La banda de música joue son paso doble entre chaque toro.

A Las ventas, les toros, quelle que soit leur origine, sont en général bien présentés. Ici, la moyenne de poids approche fréquemment les 600 Kg, et les armures sont impressionnantes. En témoigne Beato, le toro de Victoriano Del Rio, 620 Kg, vuelta al ruedo, auquel Espla a coupé 2 oreille le 5 juin. Pourtant, le moteur n'est pas toujours aussi rutilant que la carrosserie. Les prestigieux Palha, Victorino, Cebada Gago et bien d'autres, ont plombé la Feria de la San Isidro par leur comportement médiocre, voire catastrophique !

Photo C. CREPIN
Le public de Madrid est particulièrement bruyant. les spectateurs continuent de parler fort pendant le paseo, couvrant la musique, souvent même en début de lidia. On se croirait dans une ruche! Pourtant, dès la deuxième passe bien liée, il s'enflamme très vite, et les "bieeeen" jaillissent immédiatement des gradins dans un ensemble parfait. Ces réactions instantanées et convergentes, témoignent d'une expérience et d'une compétence largement partagées, tranchant parfois avec celles des "pensionnaires du tendido 7 " dont le comportement est aléatoire et parfois outrancier.
A Madrid, le public applaudit les belles piques, et siffle les mauvaises. Il n'applaudit pas le piquero qui ne pique pas... Il ovationne le torero qui donne le quite au compagnon en danger, et non celui qui s'est mis à la merci du toro. Il sort son mouchoir à bon escient pour la première oreille, et ne pense pas que la deuxième va tomber systématiquement après avoir chahuté la Présidence. L'ovation pour le toro à l'arrastre et la pétition de vuelta sont généralement méritées et donc parcimonieuses.
Quelquefois quand-même, le consensus est rompu : le public madrilène lui aussi a ses "chou-chou" auxquels il peut réserver un traitement de faveur. En témoigne par exemple Uceda Leal auquel il pardonne plus volontiers son manque d'inspiration qu'à Talavante, il est vrai très médiocre dans ses dernières prestations, ou même El Juli. Ou bien la puerta grande de Ruben Pinar le 7 juin dernier, jugée très généreuse et contestée par l'ensemble de la presse spécialisée.
Vu sous l'angle de la conception d'ensemble, de la gestion et de l'organisation, de la qualité des spectacles, et sur bien d'autres plans, las Ventas surpasse toutes ses concurrentes. L'aficionado français qui s'y aventure éprouvera bien souvent le sentiment de vivre un moment privilégié.
Mais chacun, selon sa sensibilité, pourra préférer la solennité et la dimension historique de la Real Maestranza de Séville, ou la beauté intemporelle de nos amphithéâtres romains. Certains aficionados relèveront sans doute aussi de notables différences entre les corridas de Las Ventas décrites dans ces lignes, et celles qu'ils voient dans leurs arènes favorites, à Nîmes, à Vic Fézensac, ou ailleurs.