LA CASTE VÁZQUEZ
TORO BRAVO, CASTES ET ENCASTES
Par Jacques TEISSIER *
Par Jacques TEISSIER *
(V) L'émergence du "toro bravo" La caste VÁZQUEZ
5. Des toros « sauvages » et fraileros d’Andalousie, plus cabrera et vistahermosa, source de la caste fondamentale vázquez

Qu’à cela ne tienne, Vicente José, le fils, est un rusé. Il se rend chez l'archevêque de Sevilla et s'entend avec lui pour affermer durant 2 ans (1790-1792) les dîmes du diocèse. Comme par hasard, la zone affermée comprend les villages dont dépendent les terres de Vistahermosa... qui, la mort dans l’âme, devra donc donner à ce riche et arrogant roturier de Vázquez, un veau ou une génisse pour dix bêtes nées dans chaque catégorie. Vicente José commence par élever à part ses vistahermosa et, malgré une tienta très sévère, leur qualité est telle qu’il obtient en quelques années un ensemble de 150 vaches reproductrices de haut niveau ; il les croise alors avec son troupeau et homogénéise l’ensemble : la caste fondamentale vázquez est née. Grand succès, qui ne se dément pas jusqu’à sa mort en 1830, date à laquelle l’élevage va se fractionner.
Son objectif affiché était de créer la meilleure ganadería de son temps en rassemblant des reproducteurs des élevages les plus renommés de l'époque en vue de réunir toutes leurs qualités. Il y est parvenu, créant une véritable caste nouvelle, la caste fondamentale vázquez, et il n’a pas oublié de s’en vanter !
+ Robe : la variété des sangs entraîne une très grande variété de pelages : ensabanado (blanc), jabonero (beige), colorado (roux), castaño (châtain), cárdeno ("gris"), berrendo (pie), salinero (roux mêlé de blanc), sardo (roux, noir et blanc), tostado (pain brûlé), negro (nettement minoritaire)… soit tous les pelages connus !
+ Type : joli, de taille moyenne, large, de bon trapío ; extrémités courtes ; très bien armé ; tête (carifosco) et cou (astracanado) abondamment frisés.
+ Ils ont la réputation d'être braves, puissants et très spectaculaires à la pique, mais de s'alourdir ensuite assez rapidement ; c'est pourquoi leur présence a peu à peu diminué dans l'élevage bravo à partir des années 1920/30. Une branche aboutira entre les mains des Domecq, qui n’en garderont qu’une pointe, suffisante pour maintenir une grande variété de pelages s’ils le veulent (mais je les soupçonne d’avoir gardé quelques lignées quasiment « pures » car on voit parfois sortir des toros dont le type, et particulièrement le jarret, est typiquement vazqueño !)
* Prêtre, aumonier des arènes de Nîmes, aficionado practico, Jacques TEISSIER a réalisé depuis plus de 10 ans un considérable travail de recherche dédié aux élevages et aux encastes de toros bravos, travail que les aficionados, les journalistes taurins, les professionnels de l'arène, les éleveurs, ainsi que les scientifiques peuvent découvrir sur son remarquable site: TORO–GENESE.
Le 5 novembre 2009, Jacques TEISSIER a donné une conférence devant les membres du CERCLE TAURIN NIMOIS dont il était l’invité. Dans son intervention l’auteur évoque, l’essentiel de la genèse du toro bravo en laissant de côté les détails indigestes qui jalonnent habituellement ce sujet ardu mais incontournable et passionnant pour l’aficionado. « Vingt passes, pas plus » publie le contenu intégral de cette intervention dans une série de 14 articles.