LES DÉBUTS DE LA TEMPORADA 2009
LA CHRONIQUE DE FREDERIC PASCAL
Après Castellon, Valencia et les festivités Pascales, la saison 2009 est désormais bien lancée. Sa préparation a été marquée par un repositionnement à la hausse des honoraires des figuras et un affrontement plus dur que de coutume entre ces derniers et les empressas. C'est ainsi que José Tomas et Perrera ont été exclus des carteles de Séville et que le même José Tomas restera hors de la San Isidro compagnie de Ponce. Les deux feria les plus importantes du monde se dérouleront donc en l'absence du torero le plus taquillero du moment et de ceux qui ont voulu le suivre dans sa surenchère financière. Cette situation donne lieu à une polémique, au cours de laquelle on a pu voir l'empresa de Séville s'affirmer avec humour dans son rôle de patron de droit divin et l'empresa de Madrid se laisser aller à dévoiler les chiffres clefs de son exploitation. Pour justifier son refus de payer les honoraires demandés il a fait savoir que José Tomas exigeait 420 000 euros pour se produire à Madrid alors que le plein des arènes ne rapporte 430 000 euros. Dans le débat à rebondissements, qu'il entretient au sujet de l'adjudication des arènes de Madrid, Simon CASAS s'est saisi de l'argument pour jeter une pierre de plus dans le jardin du concessionnaire actuel. Ce que l'empresa Martinez Uranga ne pouvait se payer pour Madrid, il allait l'offrir à Nîmes ! C'est ainsi que le ressac de toute cette agitation finit par aborder nos rivages, puisque deux jour à peine après avoir annoncés les cartels de la feria de Pentecôte Casas lançait sa bombe en annonçant son intention de monter un mano a mano Tomas - Ponce pour les vendanges. Dans la presse espagnole du 2 avril, il commentait lui-même son initiative : « ces deux toreros sont restés en dehors de Madrid pour des raisons économiques et moi comme empresario, ma tâche consiste à trouver l'argent pour monter ce mano a mano, qui est une nécessité vitale pour donner à la fiesta l'image et la conjecture qu'elle mérite ». Histoire de prouver, par contre coup, que s'il avait été choisi pour gérer la première plaza du monde, l'aficion madrilène pourrait voir toutes les figuras à domicile. Reste à savoir à quel prix, puisque, de la bouche même de Casas, on a appris que, pour Nîmes, Tomas a fixé ses émoluments à 300000 €, soit déjà assez prés de la jauge maximum de l'amphithéâtre, il faudra donc chercher quelques ressources complémentaires pour pouvoir payer Ponce et la ganaderia. Ce qui n'est pas gagné en cette période de crise économique. Affaire à suivre ...
Pour l'heure, il semble que le pouvoir d'achat de l'aficion française ne soit pas touché par la récession, puisque la feria d'Arles s'achève sur un bilan de trois quasis pleins pour les corridas à pied et un no hay billetes pour le rejoneo. La performance taquillera mérite qu'on s'y attarde, puisqu'elle a été réalisée sans Jose Tomas ni Ponce, qui n'étaient pas programmés, mais aussi sans Juli ni Perera, puisque la corrida à laquelle ils devaient participer a été annulée pour cause de pluie. Que le mano a mano entre Castella et Juan Bautista ait fait le plein était un chose attendue par la plus part des observateurs, mais que les corridas du Dimanche et du Lundi aient réalisé la même performance, surtout compte tenu des conditions météorologiques détestables, constitue une authentique surprise. L'explication se trouve peut être tout entière dans le bilan artistique de la feria. Artistiquement, les triomphateurs sont tous Français, Bautista et Castella le vendredi, Lescaret le dimanche et Savalli le lundi. Pour la première fois dans l'histoire le palmarès d'une grande feria française est exclusivement cocardier. Qui l'eut cru il n'y a pas si longtemps ?