La temporada sera torista
Par Paul BOSC
Au CAC 40 de la tauromachie, les traders ne parient plus sur El Juli, José Tomas, Talavante ou Manzanarès. Ils cherchent des valeurs-refuges qui, en cette période de crise, permettront aux investisseurs de ne pas mettre toutes leurs billes dans des affaires pharamineuses.
C’est ainsi qu’au regard jeté sur la première entreprise cotée dans la temporada 2012, les arènes d’Arles n’abusent pas des toreros du G10, hormis, bien sûr Sébastien Castella et Juan Bautista, mais font confiance aux valeurs montantes de la tauromachie qui ont gagné leur titre l’année dernière. A la force du poignet… Et souvent dans des courses qui relevaient de l’exploit pour gagner des Oscars. Pourtant « les artistes » David Mora, Javier Castaño ou Iván Fandiño sont sur la même route que ce bon film français au titre éponyme qui, comme eux, n’a pas dû couter des fortunes.
Et puisque nous sommes dans le cinéma, faisons un arrêt sur images sur cette corrida «ciné-club» de Mayalde avec, pour accompagner le départ de El Fundi, deux toreros qui ont marqué leur époque : Victor Mendes et Ruiz Miguel. Ce n’est pas du cinéma muet mais il est sûr que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et saluons ici la témérité des frères Jalabert de parier sur ces toreros, afin de raviver la mémoire des aficionados et permettre aux jeunes générations de découvrir une tauromachie différente de celle qu’ils connaissent.
Du côté nîmois, Simon Casas examine aussi les courbes de croissance et, pour ce que l’on sait maintenant, il annonce déjà le solo contre six Miura de Javier Castaño ou la présence de Diego Urdiales face aux Victorino Martin. Et encore un mano a mano Ivàn Fandiño-David Mora avec des Fuente Ymbro. Déjà pas mal pour une Pentecôte qui comptera 8 corridas de toros.
Il ne reste plus qu’à savoir si les épargnants investiront dans ces titres, surtout en se rappelant que la meilleure corrida de l’année, celle de Fuente Ymbro pour les vendanges n’a attiré que quelque 5000 spectateurs, que la Muriada de septembre n’a pas plus rempli les arènes, et que la novillada de la Cape d’Or a été pratiquement ignorée.
C’est pourtant une belle occasion de prouver que ces corridas où enfin, l’émotion est souvent présente, où le danger existe, où il faut s’engager réellement, sont plus passionnantes que celles qui affichent de grands noms de la tauromachie… et de petits toros sans intérêt.