Quel avenir pour les corridas-concours de ganaderias ?
Corrida-concours du 20 septembre 2012 à Logroño - Photo Vingtpasses
Arles puis Logroño, deux corridas-concours de ganaderias, deux fracasos tant artistique qu’économique. Déjà l’empresa de Logroño, Chopera a annoncé qu’il n’y aurait pas de concours pour la san Mateo 2013 et Luc Jalabert, le directeur des arènes d’Arles se pose la question de savoir s’il ne faudrait pas changer la date de cette course devant le peu d’enthousiasme du public pour ce genre de corrida.
Car, la base même d’un concours de ganaderias est bien celle du toro répondant à une encaste, représentant un élevage, et il devrait être sélectionné pour répondre à ces critères. A Arles et à Logroño, les toros ne pouvaient être suspectés sur leurs aspects physiques sauf l’Escolar Gil arlésien qui avait dû subir un « rafraîchissement » comme on dit chez le coiffeur, mais le représentant de Carriquiri, Partido de Resina, Penajará et Adelaïda Rodriguez avaient fort belles allures et ont assuré le tercio de varas avec souvent du brio, si ce n’est de la bravoure.
Par contre dans la Rioja, le Partido de Resina a été disqualifié en refusant les piques ; le Guardiola Fantoni également pour mauvais comportement dans ce tercio si important pour une concours ; le Puerto de San Lorenzo remplacé par un Adeaïda Rodriguez et donc hors concours. Seul le Torrealta a quelque peu réveillé le quart d’arène de ce ruedo ultra-moderne et couvert. Quant au premier de La Quinta, piqué à quatre reprises, El Fundi n’a pas forcé la note pendant la faena et la mise à mort (estocade et trois descabellos).
Si on penche sur l’hypothèse que les éleveurs n’ont pas « envoyé » leurs meilleurs éléments à ces deux corridas, bien que Victorino Martin, père et fils soient présents dans les arènes de la Ribera, il faut ajouter aussi que les toreros sont également restés en demi-teinte. Yvan Garcia, à Arles, se présentait au paseo avec 2 ou 3 corridas à son actif ; El Fundi à Logrono quitte la profession et Javier Castaño présent aux deux courses n’a pas eu la même présence que pour la Miurada de Nîmes mêmes si David Adalid, le banderillero et les piqueros Tito Sandoval et Fernando Sanchez ont eu droit à une ovation dans les deux villes.
Il y a quelques années, quelques décennies même la revue « Toros » avait dressé le constat de l’avenir de ces corridas-concours avec un bilan plutôt négatif mais avec la conclusion qu’il fallait soutenir ces courses pour que les encastes déjà menacés ne disparaissent pas.
Les Espagnols n’ont pas le même comportement que nous pendant ces courses où l’ennui domine. Ils vont chercher à boire et à manger, parlent fort, ne regardent pas le déroulement de la course, une cacophonie indescriptible résonne sous la couverture des arènes avec en plus les penas qui jouent fort, faux et longtemps. Des situations que nous ne connaissons pas en France. Les aficionados râlent, rouspètent, soufflent, crient, hurlent mais ne quittent pas leurs places. A se demander si nos anciens comme El tío Pepe ou Francis Cantier ou Luis de la Cruz ou Pierre Dupuy ne nous ont pas trop éduqué dans le sérieux et la rigueur.
Mais cela ne résout pas le problème. Quand on se veut aficionado « torista » ne laissons pas les empresas supprimer les corridas-concours de ganaderias. M. Chopera a choisi le radicalisme, M. Jalabert le déplacement de date. Sage décision certes, mais qui revient à peu près au même. Si une corrida-concours n’intègre pas une Feria, elle ne sera jamais programmée hors-feria.