A propos du fracaso de Miura

Publié le par Charles CREPIN

A propos du fracaso de Miura

Je crois que l’impression laissée par les Miura lors de la visite des corrales quelques jours avant la corrida portait en germe le fracaso ganadero de ce lundi de Pentecôte. Le taureau faible, on connaît. On en voit un peu partout. Mais cette fois, c’était plus fort : cette fois, il s’agissait des Miura, il s’agissait d’El Juli, il s’agissait de la première arène française, un jour de belle affluence… Une alchimie excentrique qui a eu raison de la profondeur insondable opposant habituellement les corridas torista et torerista. De même pour l’abîme qui distingue radicalement leurs publics respectifs. Aux cris de remboursez ! remboursez ! les gradins ont fait la jonction de ces publics aux opinions si souvent divisées sur la manière de lire un même spectacle, témoignant d’une émotion et d’une déception largement partagées.

Qui a voulu et choisi un tel lot de Miura ? Pas Manuel Escribano, ni Rafaelillo, évidemment. Voilà sans doute de quoi méditer pour El Juli et ses veedors.

Le problème n'est pas nouveau...

" Rien n’est difficile à achever comme une passion à l’agonie. Voici l’hiver, les giboulées. Il est possible que, mars venu, nous reprenions le chemin des plazas. Je sais d’avance quel piètre bétail nous y attend. Je m’en remets aux pessimisme espagnol : ni piton, ni trapío, ni casta, ni ná ".

Christian Dedet. La fuite en Espagne- 1962

L’agonie de la Fiesta Brava s’est-elle éternisée durant toutes ces années ? Pas toujours. Une prise de conscience des acteurs, aiguillonnés par l’aficion, avait conduit à corriger des pratiques insupportables : dans les années 70/80 les figuras se sont souvent coltiné du vrai toro encasté. Bien moins aujourd’hui…

Je vois dans le fracaso de lundi l'occasion d’une indispensable réflexion sur les conditions de l'excellence souvent revendiquée par l'organisation, plus rarement démontrée. Cela, chaque acteur, dans son rôle, doit pouvoir y contribuer, moyennant quelques convergences à trouver dans l’exercice d’une élémentaire démocratie : règlement, critères, contrôle, éthique et rigueur ne sont pas antinomiques de l’excellence en question.

Publié dans Le toro

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C
Merci cher auteur de ces deux articles !!!<br /> <br /> Pour répondre aux commentaires, je dirai que les responsabilités sont partagées. D'un côté une empresa qui n'assume pas ses choix : sélectionner quelques Miura pour faire aubaine simplement sur le prestige du nom, mais sans fond ni contenu (mais, ça, on y est habitués...) <br /> De l'autre, un torero, puisqu'il s'agit d'El Juli principalement, qui n'est pas allé au bout de son idée. Soit il choisit de toréer de vrais toros, d'un élevage prestigieux, pour redorer son blason ; soit il choisit de toréer des toros d'un élevage prestigieux mais aussi faibles, etc, que nous les avons vu, et à ce moment-là il a les capacités techniques pour ce faire.<br /> Or, ce ne fut ni l'un, ni l'autre. Ni la volonté d'affronter des toros de castes sortant des ses platebandes habituelles, ni un triomphe sur des toros plus &quot;simples&quot;, des Miuras catégorie - 3.<br /> Ce qui m'a choquée dans cette course, c'est l'irrespect (à tord ou à raison) de ce matador qui n'a ni daigné respecter son choix de toréer des toros dit compliqués, (avec aide ou non de l'empresa), mais qui n'a même pas voulu essayer de toréer les toros plus souples qu'on lui a donné. Pour le public, c'est une bonne claque, et pour lui, un gros point noir dans sa grande campagne de communication.<br /> Personne n'a obligé El Juli à signer ce contrat. Allons donc au bout des choses, et toréons !<br /> Et qu'on ne me dise pas qu'il est étranger, comme le serai l'empresa des arènes, à l'état dans lequel sont entrés en pistes ces toros.<br /> En troisième position, nous mêmes, et moi la première, sommes responsables. Nous critiquons cette gestion mais sommes les premiers à acheter nos places, par aficion... Lorsque nous réussirons à nous faire violence et à vider ces arènes, le message passera... peut-être...<br /> <br /> Deux solutions pour redonner un peu d'honneur à ces deux hommes illustres et un peu de respect à l'aficion :<br /> - que la course de toros ne soit pas qu'une vache à lait et que l'on respecte la volonté du public de voir des toros, des toros, ai-je dit<br /> - que les matadores de toros se concentrent sur l'office qu'il ont choisit : toréer. Le public n'en a rien à faire de voir des campagne de publicité torerista à l'instar d'un concert de Madonna...<br /> <br /> et, ce, pour le bien de l'avenir de la fiesta brava.<br /> <br /> Reprenons-nous, donc, et tous.<br /> Sinon, d'autres le ferons à notre place, et pas dans le sens que l'on entend.<br /> <br /> Animo :-)
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G
Je ne partage pas votre opinion sur un choix piloté par El Juli par veedor interposé . Son intérêt était de voir sortir de vrais Miuras et de démontrer qu'il était capable de les toréer. Non, le desecho qui est sorti à Nîmes démontre que Monsieur Casas n'a pas voulu payer le prix fort. Il savait, grâce à la présence d'El Juli, que les arènes seraient combles. Alors pourquoi investir dans des toros qui, nous le savons tous, coûtent très cher ? On a vu le résultat. Escribano n'a pas affronté de Miuras et s'est contenté de deux sobreros. El Juli a eu plus de chance en affrontant un Miura sur deux. Seul Rafaelillo s'est coltiné deux faiblards ! Qui avait donc intérêt à ce qu'il en fût ainsi ? Aucun des trois toreros. Ni le public. Cherchez à qui le crime profite.<br /> G.GIRARD
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A
Pourquoi incriminer les toreros, les seul fautifs sont ceux qui décident à la base. Monsieur Casas, seul dirigeant et seul président de Simon Casas production décide qu'il y aura des Miura à la féria, il détient les cordon de la bourse, il a certainement joué à l'économie sur le choix du lot.<br /> Je pense profondément qu'il se moque du public présent dans les arènes. Ne devrions nous pas faire une action collective afin d'être respecté et pourquoi pas remboursé ?
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H
Je pense que ce n est vraiment pas de l interêt du Juli de risquer un fracaso comme il a connu lundi<br /> Il n a plus rien à prouver quant à son excellence et c est bien pour se confronter à autre chose que son quotidien qu il a désiré se confronter aux Miuras'
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L
Bonjour,<br /> J'ai déjà répondu sur FB mais je voulais le faire sur votre site que j'apprécie énormément. J'avoue avoir un peu de mal à comprendre &quot; l'acharnement &quot; dont le Juli semble être la cible depuis quelques temps. Je ne suis pas dans les arcanes de la tauromachie mais suit depuis assez longtemps cet art pour penser que si le Juli &quot; choisit &quot; ses toros, ce n'est pas le premier ni le dernier à le faire ; tout en précisant que cela n'est pas une excuse ni une bonne manière de faire. Je m'étonne encore, mais là je suis le seul à m'interroger, sur la corrida du 16 septembre 2012 qui a vu triompher José TOMAS à Nîmes. Avant d'aller plus loin, je n'étais pas présent et n'ai donc pas ressenti ce que tout un chacun peut ressentir dans ces moments là. Je n'ai entendu aucun commentaire désobligeants sur cette corrida, sur la présidence, sur la profusion des trophées, sur la présidence (ah non ! déjà dit ;-) ), sur les toros ou sur la présidence (décidément...). Je ne remets absolument pas en cause la classe et le talent d'un José TOMAS mais je m'interroge sur ce qui était un triomphe annoncé et sur lequel personne, à ma connaissance, n'a émis la moindre petit début de commencement de critique. Et je vous répète que cela n'a rien à voir avec José TOMAS que j'avais trouvé formidable un soir de despedida de Denis LORE. En fait mon propos est dire qu'à l'heure où notre passion traverse une passe difficile, il serait bon d'être sérieux. Heureusement qu'il reste Enrique . . . <br /> <br /> PS :<br /> votre blog est formidable . . .
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