2ème oreille
L'affaire BURGOA a mis l'aficion nîmoise en ébullition et suscite encore de nombreuses réactions. Hubert se joint au consensus général mais, fidèle à son habitude, passe en mode positif et analyse dans l'article ci-dessous les conditions techniques d'octroi de la 2ème oreille sous l'angle du comportement du toro.
Merci à JIES de nous avoir permis de reproduire sa géniale photo. Une photo laissant percer le ciel d'orage qui précède la foudre. Une photo qui fera date.
Je soutiens à 100% la décision de Burgoa. Par son refus de la 2ème oreille, je pense qu’il a voulu pénaliser le Juli qui nous impose ces toritos de 400 kg qui se ressemblent par leur trapio, leurs cornes et leur noblesse tels des clones et qui saturent notre aficion.
Question d’actualité : le torero combat le toro, ou le torero joue avec le toro ? El Juli, devant l’absence de danger a donné l’impression de jouer avec son toro en étalant son extraordinaire technique.
Mais où est l’émotion? Où sont les applaudissements qui libèrent la tension du public lorsque les cornes sont pointues et autrement dimensionnées.
L’intensité des ovations et des applaudissements dans l’arène dépend de 2 facteurs:
1 --de la technique du torero et la qualité artistique de la gestuelle
2 --du danger que représente le toro par ses cornes, son trapio, ses défauts: à la fin de la série nous saluons par une ovation plus instinctive la prise de risque et la maitrise du risque.
Dans les corridas que nous avons vues, le danger est tellement réduit, que nous devenons très difficiles sur la qualité de la chorégraphie et c’est pour cela que le public gavé de passes de muleta devient si apathique si la chorégraphie est « moyenne »
Il a fallu attendre un 2ème sobrero français astifino et de trapio « normal » pour enfin prendre du plaisir avec un Castella motivé: et c’est toujours agréable de voir sortir un manso qui occupe la piste en faisant courir les cuadrillas, qui bouscule au passage les chevaux, semble intorréable, puis le devient grâce aux vraies qualités du torero.
Avec tous les Domecq qu’on avale, le professionnalisme des éleveurs et la rigueur de la sélection, les mansos ont disparu et l’uniformité perceptible déjà au capote annonce un tercio de pique minimal dont on se demande s’il est utile.
....Et pourtant que c’est beau un Domecq qui galope, part de loin et rentre dans la muléta emporté dans son élan dans une charge longue et bien conduite par le poignet du torero (métabolisme glycolytique !!) et qui répète en maintenant le galop (métabolisme oxydatif !!), c’est ce que nous avons vu à la novillada de Ponce: des novillos plus armés, plus lourds (le poids affiché semblait correct), plus mobiles que les toros du Juli et de Castella.
Alors pourquoi ne pas rêver de voir dans nos arènes de vrais toros, avec un trapio et une présentation qui soulèveraient des ovations à leur sortie, qui galoperaient plus longtemps et qui faciliteraient l’octroi de la 2ème oreille par Mr Burgoa.... si ce dernier revient au palco.
il est remarquable aussi que toutes les figures créées au fil des ans par Ojeda, Ponce, Castella, Juli etc. sont déjà apprises « par cœur » par les étudiants toreros : que pourront-ils encore inventer ?
Hubert COMPAN