Coucou, c'est nous !

Publié le par vingtpasses

 

 

 

Par charles CREPIN

 

 A Rodilhan, par un bel après-midi d’automne, les aficionados sont venus assister en famille à la traditionnelle finale du trophée « Graines de toreros ». Comme un coup de tonnerre dans le ciel bleu, un quarteron d’antis taurins franco-belges méprisant nos cultures, entraîné à la provocation, s’enchaîne au milieu de la piste. L’autorité, prise de cours, sèche sur le problème. Premier aveu de faiblesse et véritable aubaine pour les antis. Résultat : anarchie, confusion, désordre et, finalement, DANGER ! 

 

 

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"Coup de tonnerre dans le ciel bleu "   Photo Vingtpasses

 

Feux d’alarme en main, regards méchants et sourires moqueurs aux lèvres, les intrus restent un long moment collés sur le sable jusqu’à ce qu’une partie du public et le service de piste, exaspérés par une situation qui s'éternise et la passivité de l'autorité, les arrastrent encore enchaînés vers la sortie avec distribution gratuite et malvenue de baffes et autres coups de lattes… Ça fait boum ! Affligeant ... Objectif atteint. Les antis ont réussi à faire croire aux gogos que la haine et la violence ont changé de camp. Le web s’est déchainé, le syndrome se profile. En témoigne la fiesta campera de Vergèze annulée peu après sous la pression, les intimidations et les menaces de nuées d’antis taurins anonymes, corbeaux de circonstance, mais aussi face au constat d’impuissance des autorités inaptes à prévenir des manifestations à risque. Un deuxième aveu de faiblesse qui découle évidemment du premier.

 

 

Des catholiques traditionalistes prennent d’assaut le Théâtre de Garonne à Toulouse puis le Théâtre de la Ville à Paris, perturbant violemment plusieurs représentations de « Gólgota Picnic » avant d'adopter une posture plus pacifique. La pièce de Rodrigo García est considérée comme une banalisation de la christianophobie, blasphématoire, provocatrice et cynique. Il faut dire que la déjà vieille « dernière tentation du Christ » de  Scorsese est une douce romance comparée à Gólgota. Et les exemples se multiplient avec le « Piss Christ » d’Avignon ou l’affiche de l’expo photo de l’Université de Corse montrant un sexe d’homme autour duquel est entortillé un chapelet…

 

 

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Objectif atteint : si la sensibilité des publics a évolué depuis les années 80, les protestataires ont tout de même soulevé l’indignation de beaucoup de chrétiens qui, même éloignés de la pratique religieuse, restent attachés à une lecture « fidèle » de la bible et du sacré, par respect de leur héritage culturel. Peut-être aussi par affirmation identitaire ? Au point que le politique s’est emparé de ces affaires et impose un nouveau cahier des charges à ses théâtres, quand il ne coupe pas les subventions de la Ville aux représentations d’œuvres jouant sur ce registre jugé désormais contestable.

 

 

Vues à la télé, les images choc de l’intrusion des membres de Greenpeace dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Cruas ont de quoi interpeller. Surgi de nulle part, un commando bcbg, casqué et chaussé de circonstance, prend position sur le dôme d’un réacteur, déploie une banderole et nargue, 14 heures durant, des services de sécurité attardés, à cours de parade. Dépitée, la direction de la centrale déclare peu après que rien d’important ne s’est produit…

 

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Pour Greenpeace, l’objectif est atteint : faire réfléchir sur les risques du nucléaire. Faire la preuve que des terroristes peuvent pénétrer au cœur d’un réacteur nucléaire dans le but d’y perpétrer des attentats, avec les conséquences qu’on imagine. Fukushima puissance 10 ?  De vous à moi, Greenpeace a fait son job à travers cet « audit » inopiné. Ça, c’est du vrai stress test ! Qu’est-ce qu’ils foutent à EDF ? Je sens que des têtes vont tomber…enfin, peut-être. Pas sûr. Pas sûr du tout…

 

 

Une directrice d’école et deux institutrices de Berre-l’Étang sont prises en otage par des parents d’élèves « sur les dents ». Rançon exigée : le renvoi d’un prof un peu bizarre. En question, l’incurie du rectorat resté sourd à leurs demandes, l’urgence consécutive au retard alarmant pris par la classe sur le programme éducatif, le mal-être des enfants, les hurlements, les pleurs, ont fait monter l’inquiétude et la tension de ces « paisibles » papas-mamans au point de les faire passer à l’acte.

 

 

école occ

 

Objectif atteint : le prof est muté sur-le-champ. L’histoire ne dit pas s’il fera d’autres victimes, en vertu du sacro-saint  "emploi à vie » des fonctionnaires de l’Éducation Nationale.

 

 

  Aucun fil rouge ne relie entre eux ces évènements qui présentent chacun des problématiques et des finalités différentes. Mais tous sont le fait de petits groupes minoritaires et motivés, organisés en commandos avec des modes opératoires similaires ne laissant rien au hasard, sauf peut-être en ce qui concerne la "prise d'otages" de Berre l'Étang, où le coup de sang a pris le pas sur la stratégie. Les autres cas sont caractérisés par une mise en scène bien réglée, destinée à faire passer un message par médias interposés. Pour marquer les esprits, leur comportement est toujours agressif et bouscule l’ordre établi. La violence, même symbolique, est presque toujours présente, avec des nuances tirant sur la haine, la fourberie, la provocation, la dérision, l'ironie ou le cynisme.

 

 

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La haine... Photo Vingtpasses

 

Bref, une stratégie qui permet de gagner une guerre qu’on aurait perdue ou mis vingt ans à gagner à l'issue d'interminables manifestations pacifiques de masse, avec banderoles, « Internationale », pause merguez et canon de rouge pour le réconfort. Ici, on joue énergique, rapide, efficace ! Pas le temps de casser la croûte. En général la technique employée est « fine » et les outils de propagande efficaces (cf Xavier Klein-la Brega).

http://bregaorthez.blogspot.com/2011/11/terrorisme-intellectuel-les-outils-de.html.

 

Toutes ces affaires sont propulsées vers nous en temps réel et démultipliées par la puissance du web avant d’être reprises par la presse classique et les radios. Toutes sont construites comme des opérations de communication dont la pertinence conditionne la réussite. Notre société est questionnée par cette comédie  « démocratique ». Dans le genre tragique ou comique, comme dans la farce, le contrevenant et le "terroriste" tiennent le rôle principal. Tantôt légitimes, tantôt tyranniques, toujours en marge des lois de la République, ils sont quasiment intouchables. Le citoyen, lui, est au balcon, quand il ne tient pas le rôle de la victime ou de l'otage. Quant au politique, il a beaucoup de mal à entrer en scène. 

 


Publié dans à côté du toro

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