Johnny et B.B.
Allumer le feu
Place des arènes, jeudi 27 juin vers 20 heures. Les membres du comité anti-corrida (crac) qui, décidemment ne peuvent pas se passer de fréquenter les alentours de l’amphithéâtre, distribuent aux fans de « l’idole des jeunes » leurs prospectus sanguinolents pour convaincre les passants d’interdire la corrida. La plupart finiront sur le parvis, piétinés par une foule qui n’avait rien à faire de la campagne haineuse de ce quarteron de personnes qui n’a pas pris la peine de dire de ne pas jeter ces papiers sur la voie publique.
Le visage émacié, le distributeur de tracts clame que notre Johnny national a signé un manifeste émanant de cet organisme : « Johnny a signé contre la corrida ». Comme on lui répond que nous n’en avons rien à faire et que nous ne sommes pas là pour assister à une corrida, l’homme se fâche et son visage prend une autre tournure. Il nous regarde méchamment et articule quelques mots à voix basse à notre encontre. De notre groupe, s’envolent quelques noms d’oiseaux. Peut-être à cette heure-là, espérait-il que le chanteur prendrait position pendant son concert contre la tauromachie au sein même de ce lieu symbolique comme le lui recommandait Brigitte Bardot dans un message sur un site social « pour faire comprendre au public et aux journalistes que les arènes ne doivent pas être un lieu de mort et de souffrance ».
Elle pensait, sans doute, qu’il allait, en quelque sorte, allumer le feu, entre pro et antis-corrida. Mais le chanteur de rock devait bien savoir qu’il allait recevoir un belle bronca s’il s’engageait sur cette pente savonneuse. Entre chansons anciennes et nouvelles, avec un groupe musical au top et dans une ambiance extraordinaire où 13000 aficionados accompagnaient de leurs voix chaque interprétation, Johnny n’a pas fait cette fausse note, laissant peut-être à son batteur Geoff Dugmore la réponse : soulever son kit et montrer ses fesses.