Un muletazo d'El Juli pour la postérité
L'excellentissime blog Toro Torero y Aficion publie un extrait résumant l'article au vitriol de son confrère Reventador Amargado sous le titre Sobre la tauromaquia 2.0 de El Juli (comprendre tauromaquia 2.0 dans le sens : tauromachie simplifiée permettant aux toreros peu expérimentés de s'approprier le toreo...). Voyons comment, derrière cette superbe image cépia d'El Bomba, le Juli est carrément passé à la moulinette. On peut traduire ainsi l'extrait de l'article en question :
"Ce que fait El Juli, c’est de citer avec la muleta très basse, mais il achève le muletazo par le haut, ce qui n’est pas rare chez lui, puisque dans plus d'une décennie d'alternative, il a rarement rematé une passe « por adentro »; mais redisons-le, dans ce cas, cela consiste à citer avec l’étoffe à plat sur le sable, tandis qu'à la fin du muletazo, il relève la muleta à mi-hauteur pour dévier la charge vers l’extérieur, de telle sorte que ce mythe du toreo « par le bas" est plus que douteux (…).
- Ainsi, s’agissant clairement d’un cite par le bas, suivi d’un remate par le haut, radicalement contraire à l’orthodoxie d’un toreo, cite haut et remate « vers l’intérieur et par le bas », cette image, d’El Bomba n’est qu’une bêtise.
- Avec Le Juli, et son toreo « para fuera », il faut peut-être renoncer à parler d'une domination outrageante".
Pour ceux qui lisent Cervantes dans le texte :
Voir ici l'article de Toro Torero y Aficion
voir ici l'article de Reventador Amargado
Cela me rappelle ma profonde perplexité lorsque je visionnais certaines photos de David Mora. voir ici: sur Vingtpasses, et ici.
Si en l'occurrence le "corps du délit" est bien identifié ici, et dans ce cas de figure précis (si je puis dire), je trouve peut-être excessif d'affirmer que le Juli se serait fait une spécialité de toréer "para fuera" des adversaires en général plutôt prédisposés au "manège" en raison de leur force mesurée, de leur embestida modeste, et plus simplement de la nécessité de les faire durer quelques muletazos de plus pour la gloire du maestro (et pour les oreilles...). Pour ma part, j'ai d'autres réserves à l'égard du grand maestro qui met son talent au service d'un spectacle tristement dépouvu d'émotion et d'authenticité tandis que dans le même temps, certains de ses lointains compagnons et leurs cuadrillas se jouent la vie devant les Adolfo de Madrid ou les Dolores de Saint-Martin, avec sincérité, pour l'aficion.
Et pour finir, un exemple réconfortant de naturelle "vers l'intérieur et par le bas" donnée à un toro de Dolores Aguirre par Sanchez Vara (Saint Martin de crau 2013).