Le monologue du (2ème partie)

Publié le par Vingtpasses

 

 Nouvelle inédite de Georges GIRARD


présentée au Prix Hemingway 2011 sous pseudonyme.

 

  sur une idée originale de Francine,  

 

 

 Note de l'auteur : Toute ressemblance avec..... etc.... est purement fortuite.

 

 

Et maintenant ?

Ne pourrions-nous pas glisser dans le propos une ligne, deux lignes tout au plus, qui me feraient découvrir, connaître, apprécier, que sais-je ?
Non ? Votre refus réitéré a des relents d'inquisition !
Puisque c'est comme ça, attardons-nous un instant sur sa main. La main d'El Cantaor, le même, le cordouan.La gauche.

 

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Oui, la gauche, la main qui tire si bien la naturelle. Suavité, cette passe éthérée d'El Cantaor, avec au bout des doigts comme un coquelicot. Sculpture ciselée, intemporelle, quand s'arrête le temps et se meurt doucement le jour, lenteur du déclin annoncé de la lumière. Le ruedo est ombre, ourlé d'un zeste de soleil là-haut, tout en haut des populaires.
Au creux de l'écrin d'ocre gris, la quintessence de la beauté, les naturelles enivrantes, données de face, pieds joints. La muleta freine avec une étrange douceur la course noire du toro, et la corne vibre dans sa quête d'une chimère écarlate que la main gauche recule au rythme pointillé, notes acides d'une trompette solo en mal d'accords majeurs. La rectitude s'est faite courbe, un orbe parfait conduit l'offrande refusée sous les naseaux mouillés, l'œil exorbité cherche l'étoffe mais l'étoffe  reflue, insoumise, imprévisible, inaccessible, immatérielle.
Oooolé !
Ainsi va la main gauche de celui de Cordoue, certains soirs embaumés de jasmin, fragrance légère, essences rares distillées au fond de quelque échoppe, quartier de la Judéria.
 
Bon ! On peut s'intéresser un brin à moi maintenant ?
Je ne veux pas m'imposer, mais je suis là, j'existe nom de Dieu ! Ça peut durer longtemps votre diaporama ! Epaules ordoneziennes, magie de la main gauche,  que reste-t-il encore à décliner ?
Son sourire ? Allons-y pour le sourire...
 
Le sourire triste d'El Cantaor.
 
Manolete, le grand, le calife, l'arborait déjà ce sourire. Et Mondeño et El Viti aussi, et Morante certains soirs où le duende lui prend la main pour l'aspirer vers des ailleurs où l'irréalité touche au sublime. José Tomás a-t-il jamais souri comme eux ? On l'aurait su, et dit, et écrit à longueur de reseñas dithyrambiques. C'est un peu cela, le sourire d'El Cantaor. Un mystère. Ils sont pléthore ceux qui croient l'avoir entr'aperçu, ils le décrivent même. Mais je sais, moi, qu'à force d'en espérer l'éclosion, ils l'ont rêvé.
 
Voilà, c'est fait. L'ai-je bien cerné le sourire ? A moi la parole.
Pas encore ?
Je viendrai donc en dernier. Après vous avoir dit les couleurs des costumes du torero, palette pastel rehaussée d'or, d'argent, de jais. Demi teintes révélatrices. Ce que tu vois là n'est qu'une écorce... Toreo solitude, Canto Chico des gitans du Sacromonte.
El Cantaor torée de guitare et de cape.
Fermin et Algaba nuancent leurs étoffes.

Publié dans Récits & nouvelles

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