LES GRANDS TRIOMPHES NÎMOIS (III)
Et les corridas « toristas » ?
Les arènes nîmoises ont connus d'autres grands moments avec des toros moins faciles même si ce genre de corrida n’était pas la tasse de thé de Ferdinand Aymé et encore moins de Simon Casas. (suite)
Avec El Cordobes, les toros étaient bien souvent des novillos peu armés, nous l’avons vu lors de cette corrida où Simon Casas sauta en piste et les broncas étaient nombreuses dans les années post soixante-huit.
En 1970, accédant au désir des toristas, la direction programme le 28 juin la première « corrida des aficionados » avec des toros de Tulio et Isaías Vazquez. Les arènes étaient absolument pleines et le public avait été informé par tracts sur la finalité et les beautés du tercio de piques, les cuadrillas étaient motivées par les prix et les primes et les toros fort bien présentés qui démontrèrent assez de caste pour redonner au premier tiers toute sa signification.
Lisons Paquito : « La course culmina au cinquième avec Yeguero, chargeant de loin, le bicho coince le groupe contre la barricade ; au bout d’un moment, le picador lève l’arme et « Limeño » ôte l’animal pour le remettre aussitôt en suerte. Deuxième pique : le picador place le cheval en face, présentant le poitrail et citant le toro du geste. Réponse positive. Quite de « El Hencho » commandé par Limeño. Troisième pique dans les mêmes conditions d’honnêteté de la part du picador. Gradins en ébullition. Demande de changement de tiers, la présidence refuse et annonce que la quatrième rencontre se fera la pique présentée de l’autre côté ; Même placement du toro. Picador levé sur ses étriers appelant de la voix et du bras. Le toro fonce. Ovation de gala. Spectateurs debout saluant le piquero. Joie sur tous les visages. Un moment inoubliable. »
Limeño eut droit aux deux oreilles. Dans « Le Monde » Jean Lacouture rendit hommage au public nîmois et au picador Curro Reyes : « Ce qu’il avait fait l’après-midi, nous étions nombreux à ne l’avoir jamais vu faire, citant de face son adversaire, le recevant bien droit, soutenant sa charge, ne coupant pas sa sortie, piquant juste et ferme sans vriller n’y s’y reprendre. »
Cette corrida historique fut renouvelée l’année suivante avec également des « Tulio ». « Limeño » et son picador Curro Reyes étaient également présents, mais elle déçut le public. L’expérience se termina le 30 juin 1974 après une corrida décevante de José Luis Vazquez.
Sur l’étagère des souvenirs, prélevons ces précieux moments « toristas » : le tercio de piques d’un toro de Miura en 1984 par le picador Matias et qui permit à Nîmeno de couper deux oreilles et bien sûr « Trompetillo » de Maria Luisa Perez de Vargas le 27 septembre 1986 qui reçut quatre piques et entendit l’orchestre des arènes accompagner ses charges.
Inoubliable également, la corrida du 14 mai 1989 avec des Guardiola Dominguez exceptionnellement bien présentés, armés et difficiles et un mano a mano Nimeno-Victor Mendes qui allait se transformer en solo du Nîmois après la blessure de Mendes au premier toro.
Joël Bartolotti conclut ainsi son papier : « Le vieil amphithéâtre retentit alors d’une de ces formidables ovations qui comptent dans la vie d’un torero. Christian est emporté sur les épaules des enthousiastes par la Grande Porte, tandis que le vénérable Luis Saavedra, mayoral de la casa Guardiola partage les légitimes lauriers du héros du jour dans une vuelta méritée. Merci Messieurs, l’histoire taurine de Nîmes vient de s’enrichir d’une journée inoubliable ».
En 1992, pour la Feria du Riz, Christian Montcouquiol croisait le Miura qui allait le laisser paralysé sur le sable des arènes d’Arles.
On ne peut passer sous silence, le retour des toros de l’éleveur portugais Palha après quelque soixante dix ans d’absence. Au cartel du 18 mai 1997 : Chamaco, Denis Loré et Antonio Ferrera.
En ce dimanche après-midi, les arènes étaient pleines et les toros de Joao Folque de Mendoza superbes de morphologie (tour de piste de Gravato) mirent les arènes en effervescence. Roland Massabuau dans le recueil « Arènes de Nîmes, corridas des années 90 » raconte : « Si Chamaco, décidé mais de peu de pouvoir ne laissa guère d’images, Antonio Ferrera, en revanche (1 oreille) étala, avant une spectaculaire et violente cornada reçue par son dernier adversaire accueilli à « porta gayola », une décision et une ardeur admirables. Mais, avec quatre oreilles, traçant des faenas magnifiques de valeur, de puissance et de clairvoyance, toréant avec force, intuition et éclat, Denis Loré, impressionnant d’aisance et de brio, éclaira, lui, la journée de couleurs radieuses et mémorables. »
Puis il y eut cette corrida de Miura pour les vendanges 2011 qui sauva la course avec ce sixième toro peint en technicolor qui par trois fois s’élança de la largeur de la piste pour aller rencontrer la pique de « Tito » Sandoval. Les arènes sont debout. Mais ce jour-là le cirque romain était loin d’être plein… Castaño renouvellera cet exploit pour la Feria de la Pentecôte 2012 en affrontant seul six toros de la ganaderia de Zahariche. Corrida qui restera dans les mémoires des aficionados qui se seront quand même aperçus que les Miuras n’étaient pas tout à fait des Miuras.
Les coups « à la Casas »
Bernard Dombs alias Simon Casas a su monter quelques « coups » médiatiques qui ont rempli les arènes de « spectateurs » plus que d’aficionados comme l’alternative de Cristina Sanchez avec Curro Romero comme témoin ; les alternatives de Chamaco ; Litri et Camino avec leurs pères comme témoins, Paco Ojeda seul face à des Miuras ; le retour du Cordobes avec Ojeda pour les cinquante ans de la feria ; le mano a mano El Juli-Jesulin de Ubrique même si ce jour-là il n’avait pas invité un terrible orage ; Curro Romero et Julio Aparicio ; la venue de la rejoneadora Conchita Cintron et bien sûr...
... le solo de José Tomas seul face à six toros lors des « Vendanges » 2012. Des matinées taurines exceptionnelles et qui se veulent aujourd’hui la marque de référence de l’entrepreneur de spectacles taurins.