Les YONNET, de la Bélugue aux arènes d'ALES
Hubert Yonnet, 88 ans vit seul dans le mas familial de la Belugue à Salin de Giraud depuis que Françoise est près de son fils Jacques, pour des raisons de santé. Olivier Faure déjeune tous les jours avec lui et une voisine vient l’aider. Quand il nous reçoit, après s’être installé dans son fauteuil, il regarde sa montre et a une pensée pour son épouse « qui vient de rentrer à l’hôpital ». Son épagneul a sauté lui aussi sur son siège favori et s’installe confortablement. Dehors, le vent d’ouest remue les branches des tamaris, les mouettes ont trouvé refuge dans les prés, et font le dos rond sous les humeurs du « Narbonnais ». Depuis toujours, le Camarguais a connu cette vieille bâtisse dont la cheminée porte la date de 1708 sur son fronton. A quelques kilomètres de là, au bout du monde, entre mer et marais, entre le Vaccarès et le Rhône, il y a 150 ans, l’arrière-arrière grand-père de l’éleveur, Joseph puis Christophe puis encore Joseph ont élevé des taureaux, camarguais d’abord, d’origines navarraises par Carriquiri ensuite et même de Sepulveda qui ont constitué l’élevage de Françoise. Mais ce sont aujourd’hui tout simplement des Yonnet.
Dans la salle à manger, Hubert Yonnet a gardé le fronton de « Garibaldi », un taureau aux cornes impressionnantes qui n’hésitait pas à traverser le Rhône à la nage pour conduire la manade de l’autre côté, s’assurant qu’il ne manquait aucune bête.
Derrière le mas, dans l’enclos, cinq toros portant sur leurs flancs le chiffre 9 qui indique qu’ils ont 5 ans portent des cornes tout aussi impressionnantes. Parmi eux un « castaño » qui doit bien approcher les 600 kilos, dernier fils de « Pescalune » le semental qui a été indulté en 2002 lors d’une novillada à Lunel et morts en 2011. Olivier Faure, le mayoral, l’a baptisé « Ultimo » en son hommage.
Il les a installés dans l’enclos depuis trois semaines et les fait courir en agitant les bras et en criant : « l’herbe des prés, avec cette humidité, n’est pas bonne pour les toros, ici ils broutent de la paille, du foin et des compléments d’alimentation. J’ai été obligé de séparer deux toros car ils se battaient. »
Les deux « exilés » n’ont que quatre ans, l’un d’eux sera le réserve mais ils sont « de la camada de la novillada de Céret l’an dernier » précise Olivier qui ajoute : « il y aura trois Yonnet et trois portant le fer de Françoise pour cette course d’Alès. Il n’y a plus de différence entre les encastes depuis le temps.»
Le matin de la course, le transporteur viendra embarquer les sept toros prévus qui auront jusqu’à Alès une surveillance renforcée par la gendarmerie. Au cas où les anti-taurins auraient l’idée saugrenue de vouloir bloquer le camion.
Une escorte d’honneur en quelque sorte…