Rodilhan - le bon, la brute et le gendarme
Billet en poche, je marche vers les arènes avec ma femme et mes amis. Je réalise vite que nous sommes poussés dans un entonnoir, sans doute pour nous canaliser vers un passage sécurisé… La sortie du tuyau est brutale : nous atterrissons sur une barrière de sécurité, cueillis par un assourdissant concert de sifflets et sirènes d’anti taurins haineux étonnamment agités, vociférant à s’en casser le voix, gesticulant violemment et nous toisant, à la limite du contact physique… J’ai l’impression qu’ils se sentent tout permis et qu’un pas supplémentaire va être franchi. Inquiétant ! Là, je me dis que c’est peut-être le remake de Rodilhan 1. En même temps, je suis frappé par l’immobilité sereine des gendarmes en tenue de combat postés sur la même barrière, tant elle détonne avec l’agitation à son paroxysme des antis taurins. Évidemment, je pense à faire une photo. Mais, pas rassuré et craignant de piquer davantage l'excitation déjà à son comble, je laisse tomber. Dommage ! Deux gendarmes nous font passer les barrières, tandis que nous encaissons sans broncher un dernier flot de vilains mots et de menaces. Sans doute le prix à payer pour notre passage.
Pourtant, rien n’a fait sortir l’aficionado de ses gongs par ce bel après-midi d’automne. Ni les insultes, ni la peinture rouge, ni les coups de sirène dans les oreilles à bout portant, ni le gaz au poivre, ni les pneus dégonflés ou crevés, ni le camion professionnel tagué, ni l’accès refusé pour n’avoir pu présenter un billet acheté à l’avance… Pépère et légaliste, instruit de la leçon de Rodilhan 1, l’aficionado a gardé son sang froid en cette circonstance.
Emmanuel Durand, avocat aficionado, victime de l'outrance des antis taurins à Rodilhan le 27 Octobre
Du coup, le piège n’a pas fonctionné et le rapport provocation-violence a été inversé. La stratégie infecte des activistes du CRAC, testée avec succès par le passé s’est retournée contre eux et souligné l'outrance de ses auteurs, si cela avait encore échappé à quelqu’un.
« Ne nous soumet pas à la tentation… »
Si la stratégie du CRAC est lisible et bien rodée, on peut en revanche chercher la logique de la méthode imaginée pour y faire face et se poser des questions. L’autorité qui déclare illégale une manifestation annoncée violente par son leader et déploie d’importantes forces de Gendarmerie sur le terrain pour éviter les troubles à l’ordre public est-elle la même qui, de façon surprenante, organise une convergence et une confrontation entre manifestants et aficionados aux barrières de contrôle, à proximité immédiate des arènes ? Pas facile à comprendre…
Au final, les gendarmes, placés dans une position délicate, ont finalement contenu les anti taurins et évité dans la plupart des cas que les violences ne dégénèrent. Le sang froid des aficionados a fait le reste. Pour lénifiante qu’elle soit, cette conclusion a été largement reprise dans la presse du lendemain. Mais sérieusement, combien de temps cela peut-il tenir avant qu’un drame ne survienne ? On dit que les miracles créent la foi… je crains pour ma part qu’en d’autres occasions, l’autorité, ne soit dépassée par une gestion des évènements particulièrement risquée.
« Mais délivre-nous du mal… »
Exaspérés par cette situation, les organisateurs et certains élus ont porté plainte contre les fauteurs de trouble auteurs de ces violences. Les plaintes des aficionados devant la justice devraient également pleuvoir, tant leur ras le bol est grand, et tout aussi grande leur détermination à faire enfin respecter leur liberté, leur tranquillité et leurs droits. La défense s’organise. De leur côté, les anti taurins confortés par l’immunité dont ils ont jusqu’ici bénéficié, entendent multiplier leurs actions, au mépris de toute légalité. Sur le web, ils appellent plus que jamais à la violence en termes haineux et orduriers (voir encadré ci-dessous). Idée : il n’est pas si difficile d’identifier une adresse IP, non ? On dit que le procureur de la République de Nîmes était à Rodilhan. Dont acte !
Charles CREPIN