ARLES, Feria de Pâques

Publié le par vingtpasses

 

 

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David MORA, penché sur son pico

 

 

 

Arles, des excès en tous genres

 

 

Par Charles CREPIN

 

Je suis songeur, perplexe, déçu, désappointé même. Bref, j’étais à ARLES ce week-end !

 

Le 6 avril, course de Domingo Hernandez. 11 oreilles sont tombées de la corne d’abondance ! En ce Vendredi Saint, pourtant propice à la modération,  le palco arlésien semble avoir trouvé son Saint Graal. Samedi 7 avril, Grande Fête de l’Amicale des Retraités de l’Escalafon devant les Conde de Mayalde  : nostalgie… J'oublie vite le lot de Jalabert du dimanche matin estampillé « Toros de France » : transparent… L’après midi, on attendait les Miura. Ils ressemblaient à des Miura, ils avaient l’allure des Muira, mais ce n’était plus des Miura... Bouquet final lundi : l’organisateur affiche dès le matin un no hay billetes imaginaire sur les entrées générales à 16 €, pour nous refourguer de force des « seconde série » (guère mieux placées) à 31 € : troublant...  Et pour finir, les Fuente Ymbro : après le fameux lot des Vendanges égaré à Nîmes, on allait voir ce qu’on allait voir : et on a vu… un fracaso !  (sauf le sixième, un vrai toro).

 

Le dérapage contrôlé de toute la filière qui a produit, ces dernières années, la corrida « moderne » au service du business se retrouve dans tous ces excès. Aujourd’hui, la corrida repose sur un modèle économique ignorant l’éthique de la Fiesta Brava et les attentes de l’aficion. Ses grands acteurs se sont affranchis de ces contraintes au profit d’une nouvelle chorégraphie dédiée aux touristes. Sauf qu’en ces temps de crise, le touriste se fait un peu plus rare, et la fréquentation est en berne. La dite filière va-t-elle en conséquence réintégrer dans ses plans le fait aficionado ou sera-t-elle entraînée vers d'autres dérives ? 

 

Ci dessous, notre ami Paul BOSC nous livre sa vision de la dernière Feria d’Arles, sous deux angles différents.

 


 

Feria d’Arles : circulez ! Il y a peu à voir

 

Par Paul BOSC

 

Plusieurs degrés de lecture peuvent s’appliquer au bilan de la feria d’Arles. L’on peut d’abord dire que les aficionados ont vécu une grande corrida de Domingo Hernandez avec le retour de Juan José Padilla qui continue à déclencher des cyclones, pas seulement à Jerez, par son courage et sa volonté de vaincre cette terrible blessure de Saragosse qui l’a rendu borgne et défiguré. L’on peut ajouter l’esthétisme de Sébastien Castella et la technique de Juan Bautista. L’aficionado peut également se satisfaire de la belle présentation des toros du Conde de Mayalde et du triomphe de Ruiz Miguel, papy qui fait de la résistance avec Victor Mendes. Nous pouvons encore croire que les Miura restent à l’image du sixième toro de cette ganaderia  sorti en piste arlésienne dimanche après-midi, c'est-à-dire combatif, retors, difficile.
Que l’affiche de la feria était celle du lundi après-midi avec une ganaderia pleine de promesses à la suite de celle vue à Nîmes en septembre dernier et même à Arles à la Pâque 2011 et qu’avec les deux toreros vainqueurs haut la main de la temporada précédente, le succès était assuré.

 

Mais que nenni tout cela! Le deuxième niveau de lecture est bien différent.

 
Si la corrida de Domingo Hernandez a été plus qu’intéressante et a passionné le nombreux public présent, la plus large entrée du cycle pascal, il faut la mettre au crédit de Padilla qui, malgré ses handicaps, continue de banderiller comme un novillero. Avec sa gueule cassée  de pirate du grand large, le torero de Sanlucar de Barrameda inspire le respect et j’entendais les spectateurs à côté se demander si les toreros n’avaient pas d’autres facultés que le commun des humains. Au secours docteur Freud !
Qui aurait eu aussi beaucoup de travail pour analyser le comportement de la présidence. La distribution d’oreilles sans raison, si ce n’est la pression du public, n’apporte rien au succès de cette course, ni au plaisir de la goûter : 2 oreilles au premier toro de Padilla, puis encore deux à son second ; idem pour Castella et trois pour Juan Bautista, c’est quand même beaucoup !


Passons à la corrida des Papys. 63 ans pour Luis Miguel ; 53 pour Victor Mendes et  46 pour El Fundi qui part à la retraire. La despedida du Fundi  méritait sans doute mieux que cette corrida-nostalgie qui aurait dû mettre en valeur le torero madrilène, médaille bien méritée pour service rendu à l’aficion arlésienne pour tant de succès, tant de combats, tant de souvenirs. Au final c’est Ruiz Miguel qui a été porté a hombros après une faena qui a laissé perler quelques larmes de bonheur sur les visages mais qui a été donnée à un toro appelé du banc de touche de Palla   et qui ne ressemblait en rien à ceux du Conde de Mayalde, d’un tout autre caractère.  

 

On saute la corrida de Jalabert du dimanche matin qui n’a enthousiasmé personne et encore moins le jeune Angel Teruel, blessé au visage et qui a dû recevoir quelque 60 points de suture entre l’oreille et la lèvre, pour s’asseoir sur les gradins détrempés après l’orage et assister à la corrida de Miura. Des toros toujours aussi longs, hauts, lourds qui ont fait la légende et qui, pour cette course, se sont mis  à l’heure du calendrier. Comme c’était dimanche de Résurrection, ils n’ont pas hésité à plier les genoux pour de nombreuses génuflexions. Un véritable chemin de croix pour les aficionados !  Et comme dans cette liturgie il y avait un Ponce Pilate, Fernando Roblenó qui aurait méritait une oreille, ne serait-ce que par l’estocade d’école portée à son premier adversaire, en a été privé, peut-être pour équilibrer l’abondance de trophées du premier jour.

 

Et pour terminer, la belle désillusion des Fuente Ymbro dont le premier est sans doute mort d’apoplexie de voir tant de misères. Seul Ivan Fandiño s’est accroché à la barque en perdition pour réussir à glaner 2 oreilles, la première face à un Palla de substitution.  Allez, circulez ! comme disait le gendarme aux aficionados qui quittaient Arles après le contrôle d'alcoolémie....

Publié dans Ferias

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G
Rentrant hier de Mugron où les arènes fleuries sont si petites qu'un seul picador peut y oeuvrer mais où l'aficion est énorme, je me suis arrêté à Pézenas pour prendre un bain d'architecture et<br /> saluer Molière. Dans un bouchon de la vieille ville, des affiches jaunies rappelaient les grandes corridas d'un passé révolu. 1989, 29 octobre en Arles, après-midi automnal et frisquet. Gradins<br /> confortablement garnis. Toros d'Hubert Yonnet pour Richard Millian, Juan Antonio Carretero et un jeune inconnu, violine et or, pâle comme un cierge... El Fundi ! Ce jour-là Arles a chaviré tant à<br /> cause de la caste des toros que grâce à l'actuacion inoubliable de ce frêle torero au visage déjà marqué... C'était hier. Hubert était aux commandes de ces arènes mythiques. Ses pupilles étaient<br /> reconnues et les toreros qui se mettaient devant avaient envie de bouffer la lune. Les temps changent... trop vite ! Les directeurs d'arènes se regardent le nombril, les toros sont "sin gas" et les<br /> toreros expédient les affaires courantes, l'oeil sur leur compte en banque. Quant au public... Il n'a que ce qu'il mérite, après tout...En Arles comme ailleurs. A n'avoir pas su refuser à temps les<br /> spectacles aseptisés dont on l'abreuve aujourd'hui, il est devenu complètement "debil", au sens espagnol du terme, bien sûr !..<br /> <br /> Georges Girard.
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