Feria du Riz, de la corrida-champagne à la corrida-piquette...

Publié le par Paul Bosc

 

2012_09_09_9999_1186.jpg

Photo Alex BLANCO

Les aficionados auraient aimé que la belle liste de succès des corridas où le toro n’est pas un simple faire-valoir pour toreros vedettes se poursuive en gardant en mémoire les courses de Miura à Nîmes, Escolar Gil à Céret, Victorino Martin à Bilbao, Granier à Vic-Fesenzac et autres belles satisfactions ou émotions données par ces courses où sont absents les El Juli, Talavante, Luque, Perera, etc. Aussi, la feria du Riz à Arles avec sa corrida-concours de ganaderias était-elle attendue avec l'espoir que les six exemplaires retenus dans des élevages souvent peu vus en France, donneraient une nouvelle image de la corrida authentique.

Hélas, les espoirs ont été vite déçus et à part le Partido de Resina et l’Adelaida Rodriguez qui sont allés se frotter, avec plus ou moins d’entrain à la cavalerie, même ce tercio n’a pas apporté de grands frissons à la moitié d’arène présente. Et l’Escolar, avec ses cornes atrophiées, était-il présentable dans une course de ce type ? Mise à part, la faena émotionnante de Javier Castaño au cinquième, le spectateur n’a guère eu l’occasion de s’enthousiasmer si on excepte la prestation aux banderilles de David Adalid et aux piques de Placido Sandoval qui ont d’ailleurs remporté les prix attribués. Fort heureusement le jury n’a pas désigné de « meilleur toro », ce qui aurait été un scandale. Aficionados déçus qui, après la course, se sont rendu à la tertulia de « la Muleta » pour en arriver à la conclusion ahurissante que la becerrada matinale était bien plus intéressante que la corrida de l’après-midi !

On regrette surtout que ces encastes Carlos Nuñez de Carriquiri, Contreras-Ybarra-Jijon de Penajara, Gallardo de Pardido de Resina, Albasserada de José Escolar, Lisardo Sanchez de Adelaida Rodriguez et Cebada Gago-Núñez del Cuvillo de Robert Margé n’aient pas apporté plus de satisfactions « toristas ». Pas étonnant qu'on entende dire ensuite qu’il n’y a plus que la classe dominante des Domecq pour offrir du spectacle et remplir des arènes de plus en plus désertes. Et c’est ce qu’il s’est produit pendant cette Feria où les Victoriano del Rio de la corrida-goyesque se sont montrés relativement plus « méchants » que tout cet échantillonnage de ganaderias réputées difficiles. Car à part le premier toro de Juan Bautista qui s’est laissé dominer, les trois autres ont donné du fil à retordre à l’Arlésien et à José Mari Manzanares. Mais avec le décorum particulièrement réussi du peintre Loren qui s’y connaît en tauromachie, la chorale et la cantatrice dirigées par l’orchestre Chicuelo II qui ont animées toute la corrida avec, peut-être, une sono un peu trop forte, cette corrida a satisfait tout le monde.

 

2012_09_08_9999_83.jpgPhoto Alex BLANCO

Au bilan tauromachique, rien d’exceptionnel mais : Mendoza deux oreilles et une prestation de sa cavalerie de toute beauté ; Juan Bautista deux oreilles en écoutant le concerto d’Aranjuez chanté en français pour accompagner sa faena ; sorties en triomphe et satisfaction générale d’un public conquis par l’ensemble du spectacle. Il n’y a pas photo ! Et tant que la tendance à la corrida-spectacle ne s’inversera pas avec des corrida-vérité, pourquoi voulez-vous que les directeurs d’arène changent leur programmation ? Il va falloir organiser beaucoup de corridas de Miura comme pour la Pentecôte nîmoise, d'Escolar comme à Céret, de Victorino comme à Bilbao, de Granier comme à Vic. Mais surtout pas des concours de ganaderias comme à Arles.


Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Tellement d'accord et tellement impuissant devant ce constat !!! Que faire ???
Répondre